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Tom Sharpe a un véritable talent d'écrivain
pour ce qui est de l'humour. Pour le reste... l'histoire de ce roman est
sans grand intérêt. En qualité de bon lecteur, on
termine le livre pour connaître la fin de l'histoire mais vraiment
avec une grande lassitude. C'est dommage car certaines situations prêtent
véritablement à rire. Les stratagèmes machiavéliques
imaginés par les protagonistes sont plutôt grinçants et c'est
ce qui fait leur charme. Mais bon, cela va cinq minutes. A notre sens,
l'intrigue n'est pas suffisante pour retenir le lecteur.
L'histoire
Sir Giles Lynchwood et lady Maud sont mariés depuis quelques années
mais le couple est loin d'être un modèle du genre. Sir Giles
a des penchants... plutôt obscurs dirons-nous, incapables de satisfaire
lady Maud, matrone campagnarde pourtant de souche racée, qui ne
rêve que d'un héritier. Alors, vous comprenez, on ne rigole pas
vraiment au château parce que peu à peu la haine et les jalousies
ont fait leur petit travail. Que pourraient-ils bien inventer pour se
débarrasser l'un de l'autre, sans mettre en péril leur fortune
? En tous cas, vous le découvrirez, ces deux-là ne manquent
pas de ressources. Quand on a de l'imagination, des amis hauts placés
et de l'argent, rien n'est impossible pour parvenir à ses fins.
Sir Giles Lynchwood,
Député du Worfordshire Sud, était dans son bureau
et s'allumait un cigare. Par la fenêtre, il pouvait voir les tulipes
et les primevères en fleur, une grive picorer le gazon et le soleil
briller dans un ciel sans nuages ; au loin, les escarpements de la gorge
Cleene se dressaient au-dessus de la rivière.
Mais les pensées de Sir Giles n'étaient pas tournées
vers la beauté du paysage. Son esprit était orienté
vers tout autre chose : l'argent, Mme Forthby, et la distance entre ce
qui était et ce qui aurait pu être. Et puis, on ne pouvait
pas dire du paysage qu'il était uniformément beau. Lady
Maud se trouvait dans le panorama, et quelles que fussent ses autres qualités,
on ne pouvait décemment la trouver belle. Elle était grosse
et lourde, et avait des formes dont quelqu'un avait dit un jour, fort
à propos, qu'elles étaient rodinesques. En tous cas, Sir Giles
qui la regardait avec l'objectivité que donnent six ans de mariage,
la trouvait phénoménalement laide. Non qu'il soit particulièrement
tatillon sur l'aspect physique. Il avait fait fortune en reconnaissant
l'intérêt des qualités peu engageantes et pouvait
se vanter d'avoir mis à la porte plus de locataires sans le sous que tout
autre propriétaire de Londres. Le physique de Maud était
le moindre de ses soucis matrimoniaux. Ce qui le mettait hors de lui,
c'était plutôt la tournure de son esprit, son assurance carrée.
Ça, et le fait que pour la première fois de sa vie, il aurait
aimé se débarrasser d'une femme qu'il ne pouvait quitter
et d'une maison qu'il ne pouvait vendre.
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