La route sanglante du jardinier Blott
                                Tom Sharpe
 
 
 
 
Note : 11/20

Tom Sharpe a un véritable talent d'écrivain pour ce qui est de l'humour. Pour le reste... l'histoire de ce roman est sans grand intérêt. En qualité de bon lecteur, on termine le livre pour connaître la fin de l'histoire mais vraiment avec une grande lassitude. C'est dommage car certaines situations prêtent véritablement à rire. Les stratagèmes machiavéliques imaginés par les protagonistes sont plutôt grinçants et c'est ce qui fait leur charme. Mais bon, cela va cinq minutes. A notre sens, l'intrigue n'est pas suffisante pour retenir le lecteur.
L'histoire
Sir Giles Lynchwood et lady Maud sont mariés depuis quelques années mais le couple est loin d'être un modèle du genre. Sir Giles a des penchants... plutôt obscurs dirons-nous, incapables de satisfaire lady Maud, matrone campagnarde pourtant de souche racée, qui ne rêve que d'un héritier. Alors, vous comprenez, on ne rigole pas vraiment au château parce que peu à peu la haine et les jalousies ont fait leur petit travail. Que pourraient-ils bien inventer pour se débarrasser l'un de l'autre, sans mettre en péril leur fortune ? En tous cas, vous le découvrirez, ces deux-là ne manquent pas de ressources. Quand on a de l'imagination, des amis hauts placés et de l'argent, rien n'est impossible pour parvenir à ses fins.

Sir Giles Lynchwood, Député du Worfordshire Sud, était dans son bureau et s'allumait un cigare. Par la fenêtre, il pouvait voir les tulipes et les primevères en fleur, une grive picorer le gazon et le soleil briller dans un ciel sans nuages ; au loin, les escarpements de la gorge Cleene se dressaient au-dessus de la rivière.
Mais les pensées de Sir Giles n'étaient pas tournées vers la beauté du paysage. Son esprit était orienté vers tout autre chose : l'argent, Mme Forthby, et la distance entre ce qui était et ce qui aurait pu être. Et puis, on ne pouvait pas dire du paysage qu'il était uniformément beau. Lady Maud se trouvait dans le panorama, et quelles que fussent ses autres qualités, on ne pouvait décemment la trouver belle. Elle était grosse et lourde, et avait des formes dont quelqu'un avait dit un jour, fort à propos, qu'elles étaient rodinesques. En tous cas, Sir Giles qui la regardait avec l'objectivité que donnent six ans de mariage, la trouvait phénoménalement laide. Non qu'il soit particulièrement tatillon sur l'aspect physique. Il avait fait fortune en reconnaissant l'intérêt des qualités peu engageantes et pouvait se vanter d'avoir mis à la porte plus de locataires sans le sous que tout autre propriétaire de Londres. Le physique de Maud était le moindre de ses soucis matrimoniaux. Ce qui le mettait hors de lui, c'était plutôt la tournure de son esprit, son assurance carrée. Ça, et le fait que pour la première fois de sa vie, il aurait aimé se débarrasser d'une femme qu'il ne pouvait quitter et d'une maison qu'il ne pouvait vendre.

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