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C'est la guerre et il fait froid. Votre appartement est
vide, ne restent que deux chaises et une bibliothèque pleine de livres.
Et le livre, c'est du papier, un papier qui brûle si bien... Il
fait froid, si froid. C'est surtout Marina qui a froid. Même l'amour
de Daniel ne parvient pas à la réchauffer. Le professeur, lui,
il y tient à ses livres. Alors quand le charme de Marina opère,
quand le froid devient insupportable, quel livre finiront-ils par brûler
?
L'univers de cette pièce de théâtre est très
nothombien ! Le sujet peut paraître futile pour celui qui ne s'intéresse
pas vraiment à la littérature mais l'histoire va en fait
beaucoup plus loin que ce qu'il n'y paraît, fouillant les recoins
de l'âme humaine. Car si la guerre a toujours su tuer, elle est
aussi le moyen de se découvrir vraiment. Pas de jugement ! Vous-même,
vous ne pourriez jamais imaginer ce que vous seriez ...

MARINA : Qu'est-ce qui se passe, ici ?
LE PROFESSEUR : Il se passe que votre cher et tendre ne me laisse pas
le droit d'être idiot.
MARINA : Si vous ne voulez pas de votre manteau, moi, je le veux bien.
(Le professeur prend le manteau des mains de Daniel et le met sur les
épaules de Marina. Il est beaucoup trop grand pour elle. Marina
s'assied près du poêle, y pose les mains) Professeur,
le poêle s'est éteint.
LE PROFESSEUR : Je sais, Marina. Je n'ai plus rien à brûler.
MARINA (en regardant la bibliothèque) : Et ça ?
LE PROFESSEUR : Les étagères ? Elles sont en métal.
MARINA : Non, les livres.
Silence gêné.
DANIEL : Ce n'est pas du combustible, Marina.
MARINA (avec un sourire ingénu) : Mais si, Daniel, Ça
brûle très bien.
LE PROFESSEUR : Si nous nous mettions à brûler les livres,
alors, vraiment, nous aurions perdu la guerre.
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