Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part
                                Anna Gavalda
 
  Le dilettante
  1999
  216 pages
Note : 16/20

« Je croise des gens. Je les regarde. Je leur demande à quelle heure ils se lèvent le matin, comment ils font pour vivre et ce qu'ils préfèrent comme dessert par exemple. Ensuite, je pense à eux.
J'y pense tout le temps. Je revois leur visage, leur mains et même la couleur de leurs chaussettes. Je pense à eux pendant heures voire des années et puis un jour, j'essaye d'écrire sur eux. »
C'est avec ce préambule qu'Anna Gavalda nous livre son envie d'écrire. Et, il faut bien l'avouer, on prend un réal plaisir à lire ces "instantanés" de la vie.
Au travers de douze nouvelles, Anna Gavalda nous conte les histoires tristes ou hilarantes de ceux qu'elle a croisés... dans la rue ou dans son imagination. Voisins, amis, famille, collègues de travail, qui sait, peut-être retrouverez-vous votre histoire au fil de ses pages !
L'écriture est vive, rythmée et ne laisse pas le temps au lecteur de s'ennuyer. Comme catapulté entre les lignes, il rit et encaisse les coups avec les personnages.
Toutes ces histoires sont différentes mais vous trouverez toujours en chacune d'elle une émotion. Un rire, un espoir, une larme... Anna Gavalda sait nous toucher et on aime ça !

Pendant des années
« - Tu veux me revoir, tu crois ?
- Oui.
- Quand ?
- Quand tu veux. Quand tu peux.
- Tu vis où ?
- Toujours pareil. A cent kilomètres de chez toi je crois.
- Héléna ?
- Oui ?
- Non rien.
- Tu as raison. Rien. C'est comme ça. C'est la vie et je ne t'appelle pas pour détricoter le passé ou mettre Paris dans une bouteille tu sais. Je... Je t'apelle parce que j'ai envie de revoir ton visage. C'est tout. C'est comme les gens qui retournent dans le village où ils ont passé leur enfance ou dans la maison de leurs parents... ou vers n'importe quel endroit qui a marqué leur vie.
- C'est comme un pèlerinage quoi.
Je me rendais compte que je n'avais plus la même voix.
- Oui exactement. C'est comme un pèlerinage. A croire que ton visage est un endroit qui a marqué ma vie. »
(...)
Clic-clac
« Myriam, c'est l'aînée. On a même pas un an de différence mais vous nous verriez, vous ne pourriez même pas imaginer qu'on est frère et sœur. Elle parle tout le temps. Je pense même qu'elle est un peu siphonnée mais c'est normal, c'est l'Artiste de la famille...
Après les Beaux-Arts, elle a fait photo, des collages avec du chanvre et de la paille de fer, des clips avec des taches de peinture sur les objectifs, des trucs avec son corps, de la création d'espace avec Loulou de La Rochette (?), des manifs, de la sculpture, de la danse et j'en oublie.
Pour l'instant elle peint des trucs que j'ai du mal à comprendre même en plissant vachement les yeux mais d'après Myriam, j'ai LA case artistique en moins et je ne sais pas voir ce qui est beau. Bon.
La dernière fois qu'on s'est engueulé c'est quand on est allé ensemble à l'exposition Boltanski (mais quelle idée aussi de m'emmener voir ça... franchement. Tu crois pas que j'avais l'air d'un con en train d'essayer de comprendre le sens de la visite ?).
Myriam est un vrai cœur d'artichaut, tous les six mois, depuis l'âge de quinze ans (ce qui doit faire à peu près trente-huit fois si je ne m'abuse), elle nous ramène l'homme de sa vie. Le Bon, le Vrai, le Mariage en blanc, le Ça Y'est Cette Fois C'est Du Solide, le Dernier, le Sûr, le Dernier des derniers.
L'Europe à elle toute seule : Yoann était suédois, Giuseppe italien, Erik hollandais, Kiko espagnol et Laurent de St-Quentin-en-Yvelines. Evidemment il en reste trente-trois... Pour l'instant leur nom ne me revient pas. »

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