Nouvelles du paradis
                                David Lodge
 
  Rivages
 
 
Note : 17/20

La petite vie monotone de Bernard Walsh, ancien prêtre ayant perdu la foi et vivant à Rumidge (Angleterre), est tout d'un coup bousculée lorsque celui-ci est appelé au chevet de sa tante Ursula à . . . Hawaii. Accompagné de son père, le voyage n'a rien de touristique. Bien au contraire, c'est l'occasion pour les Walsh de renouer les liens familiaux jusque là très tendus. Mais, bien plus qu'une chronique familiale, Nouvelles du Paradis nous fait découvrir, grâce à l'humour incontournable de David Lodge, le quotidien d'un voyage organisé et croyez- moi, cela vaut le détour ! Croquées sur le vif, ces petites scènes sont irrésistibles.

Lorsque l'ambulance passe devant l'hôtel de Brian et de Beryl Everthorpe, ils sont tous deux en plein tournage de la séquence " Réveil à Waikiki - Premier jour ". En fait, Beryl est réveillée depuis plus d'une heure, elle a fait sa toilette, s'est habillée et a pris son petit déjeuner au buffet du rez-de-chaussée, laissant Brian qui dormait encore. Mais quand elle est revenue dans la chambre, il lui a demandé de se déshabiller de nouveau, de remettre sa chemise de nuit et de se recoucher. Maintenant, Brian est sur le balcon, le camescope braqué sur l'oreiller. A son signal, Beryl devra s'asseoir sur le lit, ouvrir les yeux, bâiller et s'étirer, puis se lever, passer son négligé et se diriger lentement vers le balcon où elle est censée se pâmer d'admiration devant le paysage. Même si en fait leur horizon se limite à un autre hôtel de l'autre côté de la rue, Brian est persuadé qu'en se penchant par-dessus la balustrade, le plus loin possible (Beryl le retenant à la ceinture de son pantalon pour plus de sécurité), il peut prendre un long plan d'un petit bout de plage avec un palmier que l'on pourra découper et recoller dans cette séquence à l'endroit approprié.
" Action ! " crie-t-il. Béryl se réveille, sort du lit, se dirige vers la baie vitrée déjà ouverte, bâille avec conviction mais, comme elle arrive au balcon, le bêlement de l'ambulance retentit dans le rue en dessous.
" Coupez ! Coupez ! s'écrie Brian Everthorpe.
- Quoi ? dit Beryl en s'arrêtant sur place.
- Ce camescope a un micro incorporé, dit Brian Everthorpe. On n'a pas vraiment besoin d'un bruit d'ambulance sur la bande sonore, ça gâcherait l'atmosphère.
- Oh ! dit Beryl. Tu veux dire qu'il faut que je recommence ?
- Oui, dit Brian. Un peu plus de décolleté, cette fois. Et n'exagère pas les bâillements."

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