La château des poisons
                      Serge Brussolo
 
  Le livre de Poche
 
 
Note : 16/20

L'auteur aurait-il la nostalgie des chevaliers de la Table ronde, des sorts de Merlin l'enchanteur et des charmes de Mélusine?Nous voici en plein Moyen-âge... Troubadours et moines peu scrupuleux, preux chevaliers et mœurs barbares, Serge Brussolo a le talent de nous offrir de bons romans policiers... historiques ! Au moins ça change des thrillers américains et pour un peu on se verrait à la cour du seigneur, une bague pleine de poison au doigt. Quant à l'intrigue, elle est finement menée et l'on cherche jusqu'au bout qui se cache derrière le visage du mal.
A la cour du château, les préparatifs du mariage battent leur plein. Mais pourquoi le seigneur semble-t-il si pressé d'épouser la jeune et belle Aude ? Et Jehan de Montpéril, parviendra-t-il à devenir un valeureux chevalier... Le voilà qui se retrouve au milieu d'un singulier complot où se mêlent poisons, épidémie et sortilèges en tous genres.
Et lorsque le charme féminin, sous les traits de la trobaritz Irana, s'en mêle...
Ah Jehan de Montpéril ne perd pas courage et entraîne le lecteur dans ton aventure !

Quand Irana cessa de chanter, elle fit chauffer un gobelet de vin dans lequel elle jeta du miel pour se reposer la voix. Jehan ne put résister au désir de lui parler de nouveau.
- Ce sera un grand mariage ? s'enquit-il.
- Oui, fit la jeune femme en lui jetant un regard moqueur. Il y aura un tournoi. Tu pourrais peut-être y participer ? Il y aura des armes à prendre, et des chevaux. Un bon jouteur peut devenir riche en une seule rencontre.
- Il peut aussi y laisser la vie, grogna Jehan. Parle-moi plutôt de la mariée.
- Aude de Chantrelle ? Elle a quinze ans, c'est une bien jolie pucelle. Des cheveux noirs, d'interminables tresses, une peau comme le lait mais une bouche qui ne demande qu'à apprendre le baiser. Un beau jouet pour un homme fait qui veut se reposer des servantes troussées dans la paille.
- Cet Ornan de Guy, c'est un soudard ?
- Pas plus qu'un autre chevalier. Il doit avoir vingt-sept ou vingt-neuf ans. Jusqu'à l'année dernière il portait la barbe et les cheveux longs, mais s'est rasé depuis l'apparition des nouveaux heaumes qui vous cachent entièrement le visage. Aujourd'hui, il a sur la tête à peine plus de cheveux qu'un enfant de chœur.
Jehan grimaça. Il détestait cette mode guerrière qui imposait désormais aux hommes de se faire un visage de jouvenceau et de se coiffer d'un seau de métal percé d'un trou à la hauteur des yeux. On devait étouffer là-dessous ! De plus, il lui déplaisait de devoir se tondre comme un mouton. On lui avait toujours dit que si la barbe représentait la force virile, les cheveux longs, eux, symbolisaient la force sauvage.
Cette nouvelle coutume le désarçonnait. Il y voyait un curieux efféminement.
Il prit conscience qu'Irana, pendant tout l'échange, n'avait pas quitté Dorius des yeux.
- Je n'aime pas cet homme, murmura-t-elle. Il est méchant et faux.
- A quoi vois-tu cela ?
- Il se couvre les cheveux d'une mauvaise teinture pour dissimuler qu'il est roux. Mais la pluie a emporté en partie la couleur... Regarde. C'est sûrement pour cela qu'il est tellement omnibulé par les manifestations sataniques. Les cheveux rouges sont l'indice d'une nature diabolique. Tu ne devrais pas me parler, cela te fera tort.
- Je m'en moque, grogna Jehan. Je ne l'aime pas plus que toi. Il m'assomme de balivernes depuis le début du voyage.
Ils durent se remettre en marche car Dorius donnait des signes d'impatience. Jehan chevauchait en silence, essayant de ne pas penser aux bizarreries de cette étrange pérégrination.

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