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L'Egypte par les mots

Quoi de neuf sous le soleil marseillais ? La série (Total Khéops, Chourmo) se termine avec ce dernier ouvrage tout aussi poétique et noir que les précédents. Encore une fois, Jean-Clause Izzo nous conte la beauté de Marseille, son amour pour sa ville et sa lumière mais aussi son dégoût et amertume de la pourriture humaine. «Ceci est un roman. Rien de ce qu'on va lire n'a existé. Mais comme il m'est impossible de rester indifférent à la lecture quotidienne des journaux, mon histoire emprunte forcément les chemins du réel.» Sous couvert d'un polar, on peut découvrir ce qu'un jour, peut-être, les journaux et les juges nous révéleront. En attendant, tout ceci n'est qu'une fiction... (?)
L'histoire
Montale a du souci à se faire. En dépit de sa retraite anticipée, l'heure n'est pas aux balades au large des Goudes. L'amitié et la solidarité font appel à lui mais d'une drôle de manière. Être l'ami d'une journaliste qui prépare une enquête sur la Mafia va mettre Montale en danger. En danger de voir disparaître tous ceux qu'il aime un à un car la Mafia n'y va pas par quatre chemins pour obtenir ce qu'elle veut. Solea... la lumière de Marseille n'a jamais été aussi belle mais elle brille sur le tranchant des couteaux et le bout des canons. La justice a-t-elle une chance ?
Nous dédions cette page à celui qui malheureusement ne pourra plus jamais nous enchanter. Comme il l'a si bien écrit, la vie est injuste et cruelle car la mort vient souvent frapper au détour d'un chemin.

 
Solea

Jean-Claude Izzo
     
   
 

Six étages plus haut, je repris mon souffle devant la porte de chez Babette. L'appartement était tel que je m'en souvenais. Magnifique. Une immense baie vitrée donnait sur le Vieux-Port. Avec, au loin, les îles du Frioul. C'était la première chose que l'on voyait en entrant, et tant de beauté vous prenait à la gorge. J'en bus tout mon soûl. Une fraction de seconde. Parce que le reste n'était pas beau à voir. L'appartement était sens dessus dessous. On était passé avant moi.
Ma photo me regardait. J'eus envie d'une bière. Nous ne sommes beaux que par le regard de l'autre. De celui qui vous aime. Un jour, on ne peut plus dire à l'autre qu'il est beau, parce que l'amour a foutu le camp et que l'on n'est plus désirable. On peut alors enfiler sa plus belle chemise, couper ses cheveux, laisser pousser sa moustache, rien n'y changera. On n'aura droit qu'à un « ça te va bien» , et non plus au « tu es beau» tant espéré, et prometteur de plaisir et de draps froissés.


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