Techno bobo
                      Dominique Sylvain
 
  Editions Viviane Hamy
  1999
  334 pages
Note : 15/20

Cette fois, la musique ne résonnera plus jamais pour Katia. La petite fée élastique a tiré sa révérence en sautant du haut d'une falaise avec sa copine Véronique. A la vie, à la mort. Les deux amies qui étaient comme les deux doigts de la main ne seront quitteront plus jamais. Suicide ? Perte de conscience plutôt... Avec un cocktail d'ecstasy et de kétamine, sur fond de musique techno, y'avait de quoi se prendre pour un oiseau. Mais Karim, un ami de Katia, lui, ne croit pas à la thèse du suicide. Elle aimait trop la vie pour faire ça. Mais quand on est un ancien dealer, on n'a pas vraiment le pouvoir de faire rouvrir un dossier. A moins...
A moins que l'affaire de la jeune Asiatique, retrouvée égorgée dans le parc Kellermann, ait un quelconque rapport avec cette histoire. Le point commun : la drogue. Le fil est mince. Le commissaire Clémenti a du mal à y voir clair. Surtout depuis sa rupture avec Louise Morvan, une détective privée. Alors, actuellement, ce n'est pas vraiment le moment de venir le chatouiller avec un suicide considéré comme affaire classée. Mais Karim tient bon et grâce aux stratèges des collègues de Clémenti, l'affaire est reprise, en privé, par Louise Morvan. Car Louise n'a rien de mieux à faire de toute façon. Elle aussi accuse le coup de la rupture. Et peu à peu, les choses s'éclaircissent. Bientôt, il ne fait plus aucun doute pour elle que Katia n'a pas souhaité quitter la vie. Mais reste à le prouver et à démêler le tout... d'autant que l'inconnue du Parc Kellermann n'est pas loin.

Prêt pour une descente vertigineuse dans le monde de la nuit ? Ce polar a du mordant. Il dévoile la sombre réalité qui hante les raves et certains night-clubs branchés des nuits parisiennes. Car au nom de la transe, combien de rêves et de vies ont été brisées ?

La puissance des objets, se répéta Louise en imaginant la tête de son client lorsqu'il avait employé l'expression. Un poil exalté l'Abdoulazane, pensa-t-elle sans quitter Katia des yeux. La jeune fille portait une robe à paillettes argentées et de très hauts talons. Son dos était décolleté jusqu'à la taille. Il était comme une étoffe blanche et précieuse sous les lumières. Louise songea à un conte que Kathleen, sa mère, lui lisait souvent lorsqu'elle était fillette. The Red Dancing Shoes. La voix de sa mère qui aimait ménager des temps morts, faire grimper la tension avec ses intonations en dents de scie. Une voix typiquement anglaise. Une fois enfilées, ces délicates chaussures rouges vous faisaient danser jusqu'à l'épuisement. Et sûrement jusqu'à la mort. d'ailleurs l'héroïne n'avait rien trouvé de mieux à faire que de se couper les pieds.
Sur la vidéo, Katia semblait prête à danser pour l'éternité. Les phases techno s'enchaînaient sans interruption et la jeune fille réajustait son rythme au quart de tour. Elle était la grâce personnifiée. La grâce mâtinée de vigueur.
Jamais vu ça avant aujourd'hui, se dit Louise. Et elle eut le temps d'en profiter car Katia dansait encore lorsque le film s'interrompit quarante-cinq minutes plus tard. A la fin, le cameraman avait laissé tomber les autres filles. Il n'y en avait plus que pour elle. Une seule séquence. Vingt mille coups de reins. Autant de pas vifs et langoureux à la fois.
Louise n'avait pas perdu son temps. Elle avait gagné une opinion sur le style de Katia Pachenko. Il y a une grammaire de la danse, se dit-elle en fermant les yeux. Et j'aimerais bien la comprendre. Sur la rétine, l'image brillante de la petite fée élastique frissonnait encore.

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