Terminale ! Tout le monde descend
                Susie et Aliyah Morgenstern

  L'Ecole des Loisirs
  1985
  161 pages
Note : 15/20

Non, non ne riez pas… Ce livre a beau être destiné à la jeunesse, il vaut bien certains romans pour « adultes ». (Non content de traîner au rayon BD, vous pourrez désormais vous arrêter devant celui de L’Ecole des Loisirs !).
Vous vous souvenez de vos innombrables conflits avec vos parents ? Pourquoi diable ne comprenaient-ils jamais rien à rien ? Et vous parents, vous cherchez toujours à savoir pourquoi vous vous arrachez les cheveux face à vos ados ? Lisez ce livre ! Cette histoire( vraie), écrite à 4 mains par Susie Morgenstern et sa fille Aliyah est un vrai petit bijou ! Chacun de nous y redécouvre avec bonheur ces terribles confrontations avec les parents. On rit beaucoup, on prend parti, on s’amuse terriblement de ces deux regards, si divergents, sur une même situation. Prenez les magasins du samedi après-midi… Pourquoi votre fille tient-elle tant à s’acheter (enfin, soit dit en passant, plutôt à vous faire acheter… ah, ah !) le dernier blouson à la mode ? Son armoire est pleine à craquer et manque de s’écrouler chaque fois qu’on en ouvre la porte ! Détrompez vous ! Maman, tu ne comprends donc pas que je dois être la plus belle, la plus resplendissante, moi, pauvre petite chose si fragile qui se doit de susciter (ô magie de la puberté) l’intérêt des garçons et la jalousie des copines !
Vous voyez… cela a vraiment un air de déjà vécu…
Mais bien plus que tous les sourires et souvenirs qu’il peut susciter, ce récit aborde avec émotion cet âge si difficile qu’est l’adolescence et l’incompréhension parents-enfants qui en découle. C’est pourquoi l’auteur et sa fille ont choisi de se parler à travers les mots d’un roman parce qu’il est parfois plus facile de s’écrire que de se dire. Mais parents comme ado, retenez bien leur message : un peu d’écoute et de communication, ça fait du bien de temps en temps, non ?

Nous marchons ensemble dans la rue. Elle ne dit rien. Nous sommes comme un de ces vieux couples qui savent que s'ils commencent à se parler ça va faire mal. Je cherche néanmoins des mots pour animer notre parcours. J'ouvre la conversation. Elle la ferme avec une monosyllabe. Je rouvre. Elle referme. Elle croit sans doute que la bouche est une porte : il faut la garder fermée.
Si seulement... et pour d'autres raisons. Ma mère disait à propos des régimes : "Il y a un seul régime : fermer la bouche !" Comment je peux lui dire : "Ecoute, arrête de manger tant, ne sois pas comme moi." Les parents doivent donner l'exemple, pas le contre-exemple. Combien je me force à rester muette devant l'expansion de ses fesses et de ses cuisses. J'éclate des conseils que je n'ai jamais pu suivre. Il faut que je me dise simplement : "Fous le camp de sa vie ! Elle vivre sa vie grosse ou mince, comme elle peut, comme j'ai pu. Tu n'y peux rien, sauf l'aimer."
Et je l'aime. La fille d'Untel saura très bien ranger une bibliothèque. La fille de tel autre est mince. La fille de la voisine n'a jamais une jupe froissée. La cousine ne perd pas ses affaires. Mais je ne l'échangerais pas contre toutes les filles du monde, ni aucune.
Et maintenant que va-t-il arriver, que va-t-il nous arriver à toutes les deux ? Rien ou presque. Le bac au moins ! Et puis nous continuerons à nous quereller, à nous affronter tout en sachant que nous nous aimons.
Elle continuera à ne pas totalement me comprendre, me saisir, me percer à jour, et je continuerai à prendre des petites choses sans importance au tragique, à garder au fond de moi une sourde rancœur amère, à oublier parfois qu'elle aussi existe, souffre et aime.
Mais de temps en temps, nous nous regarderons avec au fond des yeux une lueur complice, et nous saurons.

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