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Non, non ne riez pas… Ce livre a beau être destiné à
la jeunesse, il vaut bien certains romans pour « adultes ». (Non content
de traîner au rayon BD, vous pourrez désormais vous arrêter devant celui
de L’Ecole des Loisirs !).
Vous vous souvenez de vos innombrables conflits avec vos parents ? Pourquoi
diable ne comprenaient-ils jamais rien à rien ? Et vous parents, vous
cherchez toujours à savoir pourquoi vous vous arrachez les cheveux face
à vos ados ? Lisez ce livre ! Cette histoire( vraie), écrite à 4 mains
par Susie Morgenstern et sa fille Aliyah est un vrai petit bijou ! Chacun
de nous y redécouvre avec bonheur ces terribles confrontations avec les
parents. On rit beaucoup, on prend parti, on s’amuse terriblement de ces
deux regards, si divergents, sur une même situation. Prenez les magasins
du samedi après-midi… Pourquoi votre fille tient-elle tant à s’acheter
(enfin, soit dit en passant, plutôt à vous faire acheter… ah, ah !) le
dernier blouson à la mode ? Son armoire est pleine à craquer et manque
de s’écrouler chaque fois qu’on en ouvre la porte ! Détrompez vous ! Maman,
tu ne comprends donc pas que je dois être la plus belle, la plus resplendissante,
moi, pauvre petite chose si fragile qui se doit de susciter (ô magie de
la puberté) l’intérêt des garçons et la jalousie des copines !
Vous voyez… cela a vraiment un air de déjà vécu…
Mais bien plus que tous les sourires et souvenirs qu’il peut susciter,
ce récit aborde avec émotion cet âge si difficile qu’est l’adolescence
et l’incompréhension parents-enfants qui en découle. C’est pourquoi l’auteur
et sa fille ont choisi de se parler à travers les mots d’un roman parce
qu’il est parfois plus facile de s’écrire que de se dire. Mais parents
comme ado, retenez bien leur message : un peu d’écoute et de communication,
ça fait du bien de temps en temps, non ?
Nous marchons
ensemble dans la rue. Elle ne dit rien. Nous sommes comme un de ces vieux
couples qui savent que s'ils commencent à se parler ça va faire mal. Je
cherche néanmoins des mots pour animer notre parcours. J'ouvre
la conversation. Elle la ferme avec une monosyllabe. Je rouvre. Elle referme.
Elle croit sans doute que la bouche est une porte : il faut la garder
fermée.
Si seulement... et pour d'autres raisons. Ma mère disait à propos des
régimes : "Il y a un seul régime : fermer la bouche !" Comment je peux
lui dire : "Ecoute, arrête de manger tant, ne sois pas comme moi." Les
parents doivent donner l'exemple, pas le contre-exemple. Combien je me
force à rester muette devant l'expansion de ses fesses et de ses cuisses.
J'éclate des conseils que je n'ai jamais pu suivre. Il faut que je me
dise simplement : "Fous le camp de sa vie ! Elle vivre sa vie grosse ou
mince, comme elle peut, comme j'ai pu. Tu n'y peux rien, sauf l'aimer."
Et je l'aime. La fille d'Untel saura très bien ranger une bibliothèque.
La fille de tel autre est mince. La fille de la voisine n'a jamais une
jupe froissée. La cousine ne perd pas ses affaires. Mais je ne l'échangerais
pas contre toutes les filles du monde, ni aucune.
Et maintenant que va-t-il arriver, que va-t-il nous arriver à toutes
les deux ? Rien ou presque. Le bac au moins ! Et puis nous continuerons
à nous quereller, à nous affronter tout en sachant que nous nous aimons.
Elle continuera à ne pas totalement me comprendre, me saisir, me percer
à jour, et je continuerai à prendre des petites choses sans importance
au tragique, à garder au fond de moi une sourde rancur amère, à
oublier parfois qu'elle aussi existe, souffre et aime.
Mais de temps en temps, nous nous regarderons avec au fond des yeux une
lueur complice, et nous saurons.
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