Les Thébaines - La couronne insolente
                Jocelyne Godard
 
  Le livre de Poche
  1999
 
Note : 14/20

Si Jocelyne Godard a appelé le premier volume de cette série, "La couronne insolente", ce n'est sans doute pas par hasard.
Pour la première fois, une femme va régner sur l'Egypte toute entière. Hatchepsout, unique enfant de sang royal du Pharaon Thoutmosis, est en effet la seule à pouvoir prétendre à ce titre. Aux côtés de son demi-frère et mari Thoutmosis II, elle va devoir relever un double défi. Car s'il est difficile de diriger un peuple, cela l'est encore plus lorsque l'on est une femme.
"La couronne insolente", à travers le destin de cette jeune reine, nous fait découvrir la vie quotidienne des Egyptiens mais nous apprend surtout combien il est difficile de s'imposer dans une société qui, bien que très avancée, avait déjà imposé aux femmes leur destin d'épouse et de mère.
Hatchepsout et son amie Séchat auront beau jeu de déjouer les complots fomentés par la gent masculine. Leur persévérance et ténacité sauront-elles en triompher ?
Il faut saluer le talent de l'auteur pour la qualité et la beauté des descriptions qui vous plongent dans cette merveilleuse civilisation qu'est l'Egypte. Nous déplorons seulement quelques lenteurs au début de l'histoire et un rythme parfois surprenant (les années se succèdent au gré des chapitres sans préavis !). Mais pour les amoureux de l'Egypte ou tous ceux qui souhaitent la découvrir, ce livre, inspiré de l'Histoire avec un grand H, garantie un dépaysement total.

- Que veux-tu me dire ? questionna Thoutmosis en contournant habilement la route qui déviait sur l'extérieur de la ville.
- Que notre père me paraît fatigué. Qu'il parle de terminer sa demeure éternelle et qu'il m'a donné son plein accord pour faire sculpter une inscription sur le 8ème pylône de Karnak.
- Celui qui est situé au sud du temple d'Amon-Rê ?
- Celui-là même, répliqua la jeune fille. Il est vierge de toute inscription. Y vois-tu un inconvénient, mon frère ?
Il eut un geste dubitatif et fit la moue.
- Non.
- Alors, reprit Hatchepsout, j'y ferai graver un bas-relief qui glorifiera la Majesté du Pharaon Thoutmosis 1er.
- A-t-il besoin de toi pour cela ? questionna le jeune homme en haussant les sourcils.
- Oui. Car le texte dira qu'il fait don des deux Egyptes à sa fille royale bien-aimée et qu'en retour, les dieux de Karnak devront lui accorder toutes les faveurs que doit recevoir Sa Majesté la fille toute puissante du dieu Amon et de la déesse Hathor.
- Comme tu veux, répliqua Thoutmosis. Je sais que c'est toi qui détiens tout le sang royal.
A son tour, elle haussa les sourcils. Thoutmosis reprit :
- Ce n'est donc que par toi que je serai Pharaon.
Sa soumission, son manque d'énergie qu'elle voulut soudain tourner en bienveillance, non en générosité, sembla néanmoins l'attendrir. Elle posa sa main sur celle de son jeune frère et pressa ses doigts minces.
Que ferait-elle s'il montrait plus d'agressivité ? Les dieux l'exauçaient, la comprenaient, l'aidaient. Hatchepsout tiendrait les rênes du pouvoir et, dans l'ombre du royaume, son époux se tiendrait.
- Nous régnerons ensemble, fit-elle. C'est ainsi que mon père Thoutmosis, maître tout-puissant de l'Egypte et ma mère, la reine Ahmosis, détentrice de la sève des pharaons, le veulent. C'est ainsi que je l'écrirai sur le bas-relief du 8ème pylône de Karnak.

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