Tout ce qui est à toi...
                                Sandra Scoppettone
 
  Fleuve noir
  1995
  406 pages
Note : 14/20

Lauren, détective privé, a les violeurs dans sa ligne de mire. Violée dans sa jeunesse, elle conserve une haine farouche contre ce genre d'individus. Qui plus est, quand on est lesbienne et féministe… Alors lorsque Lauren se voit confier une affaire de viol, elle se retrouve face à ses angoisses et son envie de retrouver le coupable n'est que plus violente. Prête à tout pour le coincer, elle ira même jusqu'à affronter sa peur des ordinateurs ! Drôle de détective mais il faut dire que c'est une drôle d'histoire qui l'attend...
Pour un polar, l'intrigue policière est un peu décevante car on finit par ne plus s'y retrouver avec tous ces personnages (difficile de comprendre qui est la fille de qui...) et par perdre le fil. Malgré tout subsiste jusqu'à la fin l'envie de savoir quel est le coupable ! Mais ce qui nous a sans doute le plus plu est que l'histoire est écrite avec beaucoup d'humour et qu'elle met en scène un milieu et des comportements qui ne sont pas courants dans les polars et chez les détectives. L'ambiance est vraiment différente grâce à cette description du milieu gay et on rit beaucoup des petites anicroche entre Lauren et sa compagne Kip. Dans un registre plus sombre, Lauren en profite pour nous livrer une réflexion sur son époque et ses changements à l'heure où la drogue et le sida déciment New York.

La chose est sur mon bureau.
A côté se trouve mon repas : un sandwich au jambon fumé et au munster avec de la laitue et de la mayonnaise côté fromage et de la moutarde côté jambon, le tout entre deux tranches de pain français. Il est capital que ce soit ainsi et non l'inverse.
Dans un petit sac se trouve une barre chocolatée aux noisettes qui vient de chez Houghtaling Mousse Pie, Ltd., sur Mulberry Street. Ça valait bien le déplacement. La barre est si dense et si délicieuse que mes dents grincent rien que d'y penser. J'en ai besoin ! L'après-midi va être consacrée au déchiffrement de ce Toshiba de malheur !
Sur mon bureau, à côté de l'en-cas, trône une pile de revues d'informatique que j'ai achetées chez Soft.Etc., qui se trouve au sous-sol de la librairie B. Dalton. J'aurais pu interroger le vendeur (il n'y a pas de femmes), mais je n'étais pas prête à essuyer l'humiliation que j'aurais certainement suscitée. Je suis du genre têtu.
Il serait sans doute plus prudent de feuilleter au moins les revues avant d'allumer le Démon, mais je suis impatiente. Je mords dans mon sandwich pour me régénérer, puis appuie sur la glissière d'ouverture du devant, comme l'a fait Ursula, et l'ordinateur s'ouvre.
Je branche un cordon dans la prise d'adaptateur et l'autre extrémité (une prise ordinaire à trois fiches) dans la prise murale. Dépassant de l'arrière de l'appareil il y a un fil mince, pareil à un serpent, dont la tête ressemble à un gremlin en plastique noir avec deux trous dedans.
J'examine l'arrière de l'Horreur et vois, sous l'inscription DC IN 15v, le bout de la tanière du serpent que je tiens entre mes mains. D'un geste expert, je le branche. Un sentiment d'accomplissement m'envahit au point que je suis au bord d'en rester là. En fait, c'est parce que j'ignore quoi faire à présent.
Je scrute la chose tout en finissant le sandwich. Puis une évidence clignote dans mon cerveau. Pratiquement tout ce qu'on branche a besoin d'être mis sous tension ! Sans doute vais-je finir par m'en sortit, après tout. Je veux dire, cette déduction ne m'a pris que dix minutes, et ce n'était pas une mince affaire. Bon d'accord, je ne trompe personne. Une gamine de trois ans aurait pu le trouver toute seule.

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