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Bennett est l'un de ses Anglais qui a la chance de goûter
au soleil provençal. Son problème est qu'à l'inverse
de ses compatriotes installés dans la région, il n'est pas
riche. Ses quelques économies d'une dure vie de publicitaire commencent
même à s'amenuiser. Il lui vient alors l'idée de passer
une annonce dans le très sérieux Herald Tribune.
Anglais libre de toute attache, la trentaine, présentant bien,
parlant français couramment, cherche poste intéressant même
si inhabituel, de préférence entre Aix et Avignon. Etudie
toute proposition sauf mariage. RSVP au journal n°10030.
Comment y résister ? Et le voilà embarquer dans une drôle
d'aventure comme Peter Mayle sait si bien les inventer. Entre truands,
lord anglais décadent et hommes d'affaires à la poigne d'acier,
Bennett n'est pas au bout de ses surprises. Peut-être pourra-t-il même
enfin trouver l'amour !
Le diamant noir n'est sans doute pas le meilleur roman de Peter Mayle
(un peu trop irréaliste à notre goût, nous préférons
Une vie de chien ou La femme aux melons)
mais l'écriture est toujours la même : facile à lire,
plaisante et elle offre somme toute un agréable moment de lecture
« au soleil » pour les fans et les nostalgiques.
Le café
était silencieux : on n'entendait que le ronronnement du réfrigérateur
et le claquement des cartes sur la table au fond de la salle. Quand Bennett
entra, les vieux tournèrent la tête à l'unisson. Il les salua.
Les têtes reprirent leur position initiale. Bennett prit son verre de
rosé et s'installa à une table près de la fenêtre. L'enveloppe lui paraissait
volumineuse et prometteuse : avant de l'ouvrir et d'en déverser le contenu
devant lui, il porta en silence un toast au saint patron des Anglais nécessiteux.
Une invitation à investir un quart de million de francs dans Pizza Sympa, la chaîne au développement le plus rapide de la Côte d'Azur, ce fut la première qu'il mit de côté comme ne présentant aucun intérêt. Vint ensuite une lettre, écrite à l'encre bleu lavande, émanant d'un habitant de Neuilly, en quête d'un jeune compagnon pour partager son goût de la nature. Une agence d'hôtesses de Cannes promettait une rémunération substantielle à des gentlemen ayant du goût et de l'éducation et réclamait une photographie du candidat dénudé pour ses dossiers. Bennett songea à donner la lettre à Papin. Il y avait aussi une proposition à laquelle il pouvait au moins répondre tout habillé. Un prince saoudien avait besoin pour l'été d'un chauffeur interprète : basé au cap Ferrat, un choix de trois Mercedes, logé et nourri, indemnité d'uniforme, références indispensables. Cela pouvait faire l'affaire, songea Bennett, si seulement il parvenait à trouver les références. Georgette ? Léon ? Ses clients des fosses sceptiques ? Il avait encore une petite réserve de papier à lettres portant l'écusson de la Chambre des Lords, abandonné là par un comte qui l'été dernier avait loué une des maisons. Il pourrait l'utiliser pour s'écrire lui-même des références. La lettre princière alla amorcer une pile de possibilités. Mais, à mesure que Bennett triait le reste des réponses, la pile ne s'épaississait guère. Il renonça à devenir témoin de Jéhovah, guide touristique, instructeur à mi-temps dans une école de langues, rabatteur pour une agence d'excursions en mer d'Antibes. Ses souvenirs maritimes étaient encore trop frais et trop douloureux. Il ne resta enfin qu'une seule enveloppe. |
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