La porte de l'enfer Jean-François Coatmeur |
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Note : 16/20 | |||||
Morlaix, jours de décembre. Pierre Le Dérouet, garagiste
déchu, ne supporte plus la séparation que lui impose sa femme, Génia.
Seul trace de leur amour passé, leur fils Stéphane. Le couple vit désormais
séparé et se partage la garde de l'enfant. Mais les droits de Pierre Le
Dérouet, qui selon sa femme semble sombrer dans la folie, sont menacés.
C'est par un week-end où Stéphane est confié à son père que le malheur
arrive. Pierre Le Dérouet et son fils ont un accident de voiture où ils
trouvent la mort. Première réaction : chacun pense, et en particulier
Génia, que le père, dans un accès de désespoir, a voulu conjurer le destin
en garant son fils pour toujours. Cependant, Valois, romancier vieillissant
qui s'est installé rapidement dans la région et à qui Le Dérouet avait
confié ses inquiétudes (selon lui Génia aurait été enlevé par une secte),
ne se satisfait pas de cette version. Peu à peu, les événements deviennent
de plus en plus mystérieux. Valois ne sait pas encore que Génia cache
à tous son amant, Richard De Kergloff, baron fantasque. Que cache-t-elle
encore et quels sont les secrets de la propriétés de De Kergloff ? Le
fidèle serviteur du baron, Raphaël Steinart, ne semble pas lui non plus
très catholique. Allongée sur l'étroit lit de fer, Sirin écoutait la marche de l'homme, qui effectuait sa dernière ronde. Malgré la discrétion dont il faisait preuve, elle avait su très exactement à quel moment il avait ouvert la porte extérieure, et depuis, comme si elle avait disposé d'un écran de contrôle, elle suivait sa lente progression dans la galerie qui couronnait le bloc. Elle aurait pu dire où il se trouvait, à chaque seconde de son parcours, elle accompagnait son pas très régulier sur les dalles de grès, ses haltes soulignées par la plainte d'une porte que Steinert poussait pour la bonne règle, car les ouvrières dormaient depuis longtemps déjà, rassemblées à trois dans le même box. Sirin était une privilégiée, puisqu'elle bénéficiait d'une chambre individuelle. Mais cet avantage, elle le payait cher, trop cher. Elle n'en voulait plus, et Raf lui avait affirmé qu'il était d'accord avec elle, Elle l'attendait, il lui avait dit qu'il la rejoindrait au terme de sa virée, et elle constatait qu'il n'était pas en avance. Elle n'avait pas de montre, mais, dans l'univers clos où elle vivait, la Thaï s'était façonné un réseau de repères qui lui permettait de fractionner l'insipide écoulement des heures. Un bref dialogue à mi-voix, Elle identifia la crécelle disgracieuse de Sokha et la réaction courroucée de Steinert qui cassait son discours d'une injonction sans réplique. Une porte claqua, et la foulée égale de Raf reprit. Il venait une fois de plus de rembarrer la commise. Il exécrait de zèle cette matrone aigre qui la conduisait à outrepasser ses attributions, toujours à traîner par le quartier après l'extinction des lumières. Sirin l'avait entendue rôder dans la galerie circulaire, à deux reprises elle s'était immobilisée devant sa chambre, à l'affût d'un prétexte qui eût justifié l'intrusion chez la Thaï, ne s'y hasardant point. Sirin non plus n'aimait pas la commise, et elle était certaine que Sokha la haïssait. Parce qu'elle était différente des autres ouvrières et pour le régime de faveur dont elle jouissait ici. |
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